> CHAPITRE 10 < LE SURVIVANT

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En ce matin de printemps, le soleil parut plus brillant que les autres jours, à la femme qui souleva le volet de la fenêtre ; à tel point qu’elle a dû le baisser un peu, presque à mi-hauteur, car cela gênait ses yeux bleus.
Il a fallu au moins quelques minutes pour que la vue s’habitue à la luminosité excessive qui envahissait la pièce. Les yeux étaient très importants pour la jeune femme. C’étaient des yeux qui ne manquaient de rien. C’étaient les yeux d’un journaliste prometteur envoyé dans des zones de guerre dangereuses à l’étranger. La jeune femme a vu et écrit, préparé des reportages pour le public de la télévision Rai 3.
Avant de quitter la chambre, il a ramassé une photo
reposant sur la table de chevet. C’était une image qui la représentait avec son amie, une collègue de travail à la rédaction de la RAI, qui avait passé quelques années à travailler dans les rangs. Dans le cliché Polaroid on pouvait la voir, yeux clairs, cheveux blonds et longs et une autre jeune fille avec des caractères somatiques très similaires, sauf qu’elle avait les cheveux plus clairs.

La journaliste a tourné la photo et a lu une phrase écrite par sa collègue :
“Bonne chance Ilaria, à bientôt, une mer de bien … Giovanna”
Ilaria Alpi sourit et reposa la photo sur la table de nuit. Il entra dans la salle de bain, ouvrit un tiroir du meuble pour y chercher une brosse. Calmement, tandis qu’il se coiffait, devant le miroir, il repensa au reportage télévisé diffusé la veille : c’était l’anniversaire du tragique accident du Moby Prince survenu dans le port de Livorno. Le regard terrifié du seul survivant de la catastrophe (Alessio Bertrand) est resté gravé dans sa mémoire : yeux apeurés, fatigués et désorientés ; bouche entrouverte aux dents serrées. La même expression se retrouvait également sur les visages des anciens combattants des pays malheureux.
La peur était universelle dans toute situation humaine tragique.

Elle a également été étonnée que ce soir fatal, dans le port de Livorno, il y ait eu la présence dans le port d’au moins cinq navires militarisés des États-Unis. Il s’en souvenait car, en raison de son habitude de journaliste professionnel, il les avait tous notés sur une feuille et les avait mémorisés :
Cap Breton, Cap Flattery, Gallant II, Port de Lyon, Esperus et Efdim Junior.

“Les navires militarisés ne sont pas de vrais navires militaires, mais des navires marchands normaux affrétés à des fins militaires”, se dit Ilaria.

Puis la Somalie lui est venue à l’esprit, elle avait hâte de partir pour aller là-bas en tant que reporter pour TG3. La direction de la RAI lui avait promis qu’elle devrait partir d’ici la fin de l’automne, maximum le début de l’hiver.
La femme était heureuse qu’en Somalie, elle soit rejointe par le caméraman Miran Hrovatin. Professionnel très expérimenté et ami de sa chère collègue et amie Giovanna Botteri, qui l’a connu
de son passage à l’université de Trieste. A cette époque l’homme était photographe puis il est devenu son opérateur dans les Balkans.

Ilaria Alpi s’est rendu compte que ses cheveux, à force de passer la brosse, s’électrifiaient. Alors elle posa la brosse sur la table de chevet, rassembla ses cheveux en queue de cheval, en utilisant un élastique du tiroir, et se lava le visage.

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